« Je savais que l’agriculture avait la capacité de stocker du carbone. » Jean-Marc LEMAIRE, exploitant agricole.
La Banque Populaire Val de France accompagne trois agriculteurs du territoire engagés dans une démarche bas-carbone. Nous vous proposons de partir à la rencontre des exploitants du GAEC de l’Arc en ciel, ferme laitière dans le Loiret.

Pouvez-vous nous présenter votre histoire ?
Nous sommes Jean-Marie et Marie-Christine LEMAIRE, mariés depuis 29 ans, 3 enfants, et nous vous accueillons aujourd’hui sur notre exploitation où nous sommes installés depuis 25 ans. Avant ça, nous avons eu une expérience de coopération en Afrique, dans le domaine du développement agricole et rural. À notre retour en France, j’ai donc repris, avec ma femme, cette exploitation familiale. Au-delà de cette exploitation, je suis très engagé dans les organisations agricoles notamment en tant qu’administrateur dans une Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA). Je suis aussi Président régional et Administrateur national des Agriculteurs Français et Développement International (AFDI).
Le label bas carbone, pourquoi ?
Je suis très sensible, personnellement, à l’agriculture de conservation des sols (non-labour) que je pratique depuis plus de 20 ans. Le labour des terres entraine beaucoup d’échappement de carbone. Dans notre ferme, nous avons essayé la technique des semis directs dans un premier temps (TSD), puis nous avons évolué en semis simplifiés (TCS), grâce à la coopérative CUMA, celle-ci possédant la majorité des matériaux nécessaires au fonctionnement de notre schéma cultural. Nous avons aussi été sensibilisés par notre coopérative laitière SODIAAL. Depuis dix ans, nous faisions des auto-diagnostics. Or, ces derniers ne me satisfaisaient pas complètement, car ils ne permettaient pas de valoriser certaines de nos pratiques qui étaient pourtant tout à fait cohérentes d’un point de vue environnemental. De plus, je savais que l’agriculture avait la capacité de stocker du carbone depuis le lancement de l’initiative 4 pour mille[1]. Grâce à l’arrivée officielle de la démarche bas carbone, j’ai directement su identifier l’intérêt de participer à un tel projet pour mieux valoriser mes pratiques actuelles et celles en cours de déploiement. J’ai donc sollicité ALYSE, coopérative de conseil en élevage, pour établir le premier diagnostic, et le résultat est aujourd’hui très prometteur.
Cette nouvelle approche nous a permis d’identifier des pistes d’actions visant à être plus résilient, tout en gardant la notion de cohérence technico-économique. Selon moi, cela offre à l’agriculture, la capacité de préserver un objectif de production nourricière tout en respectant l’environnement. Ceci porte un nom : l’agroécologie. Viser le label bas carbone est une démarche en parfaite adéquation avec mes engagements personnels.
Concrètement, quels ont été les changements ?
Auparavant, nous étions sur un mélange maïs pulpes, désormais, nous sommes sur 1/3 de maïs, 1/3 de pulpes et 1/3 d’herbe.
Par ailleurs, nos prairies permanentes sont mieux exploitées de manière plus dynamique avec une récolte tous les mois qui nous apporte une alimentation de meilleure qualité pour les animaux. Nous avons pu mettre ainsi en place de nouveaux types de cultures sans irrigation, comme le sorgho, qui se veut plus résilient en cas de sècheresse.
Mesurez-vous déjà des bénéfices ?
Oui, bien sûr. Nous avons pu valoriser l’herbe sur l’exploitation, donc mieux valoriser les effluents d’élevage comme les lisiers au printemps après une première coupe d’ensilage ce qui in fine diminue l’utilisation d’engrais azotés de synthèse. De même, on constate une diminution des IFT, indice de fréquence de traitements phytosanitaires ; qui ont chuté de 17 % en 3 ans. D’un point de vue scientifique, il a aussi été démontré que les méteils sont moins consommateurs en eau qu’un Ray Grass (herbe). Forcément,nous aurons donc un impact sur notre consommation d’eau – très utile en période de sécheresse mais aussi qui contribue à réduire l’appauvrissement hydrique du sol.
Enfin, nous avons pu mettre en place du compostage de fumiers dont les bénéfices sont multiples : destruction du stock de graines de mauvaises herbes, réduction de moitié du volume épandu et enfin la possibilité d’utilisation des épandeurs de nouvelle génération avec table d’épandage et pesée embarquée pour une précision optimale.
Ce nouveau mode d’alimentation a-t-il eu un impact direct sur la santé de votre troupeau ?
D’un point de vue santé, nous avons observé une diminution des mammites et une nette amélioration de la reproduction. Il s’agit de la combinaison d’un meilleur fonctionnement du métabolisme de nos animaux, une meilleure efficacité alimentaire et donc un meilleur état sanitaire.
Nous avons aussi remarqué une nette amélioration des taux du lait en matière grasse (TB) et matière protéique (TP), c’est un indicateur de bonne santé des vaches.
C’est donc aussi un bénéfice économique, puisque par exemple, cet hiver, nous avons constaté un taux de matières protéiques de 3.6 % pour une norme de 3.2 % nationalement, nous avons même récemment atteint un record de 4.7 % en matière grasse pour une norme à 3.8 %. Et tout cela, sans diminuer notre productivité. Au contraire, celle-ci a augmenté de 500L/vache. C’est donc un véritable cercle vertueux.
Combien de temps pour être mis en place ?
Les délais sont assez rapides : l’objectif de mise en place pour le compostage est 2022. Pour le reste, tel que l’alimentation entre autres, des résultats sont déjà visibles depuis 2021. En revanche, la stabilisation des résultats de ces actions prendra certainement plus de temps, bien que les premières constatations soient prometteuses.
Les partenaires du projet :

La Banque Populaire Val de France s’engage en faveur de l’agroécologie. Dans le cadre du dispositif label bas carbone, elle soutient financièrement des projets de séquestration de carbone initiés par trois exploitants agricoles de son territoire. Plus de 818 Tonnes de C0² (équivalent de plus de 1000 vols Paris-New York) seront ainsi évités à l’horizon 2027. La Banque Populaire Val de France s’engage également à réduire de 14% ses gaz à effet de serre à l’horizon 2024, ce qui représente 2 028 Tonnes de C0².

De par sa connaissance technique des systèmes de production, Alysé intervient dans la réalisation des diagnostics CAP’2ER pour évaluer les performances environnementales des exploitations et la construction des plans d’action bas carbone. Pour accompagner la transition, notre entreprise apporte également un conseil individuel pour appuyer et faciliter la mise en œuvre des pratiques par les agriculteurs. Nous sommes également porteurs de projet pour les éleveurs qui souhaitent s’engager dans les crédits carbone avec France Carbone Agri.

TerraTerre souhaite rapprocher le monde de l’entreprise et le monde agricole pour un monde fertile et bas carbone. Nous accompagnons les entreprises qui souhaitent entreprendre une action climat avec un fort impact local et social, en soutenant les agriculteurs de leur territoire à évoluer vers une agriculture régénératrice et bas carbone. Plus de 1 500 agriculteurs sont déjà engagés dans le dispositif qui permet aux entreprises et collectivités d’obtenir des crédits-carbone certifiés Label Bas Carbone, décernés par le Ministère de la Transition Ecologique.

[1] Programme initié par le Ministère de l’Agriculture lors de la COP21 en 2015.