Alegina : une startup vendéenne pionnière dans le recyclage des coquilles d’huîtres

Basée en Vendée, Alegina transforme les coquilles d’huîtres en porcelaine biosourcée, pavés perméables et substrats pour toitures végétalisées. Créée en 2018, elle s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire visant à valoriser une ressource naturelle locale sous-exploitée. Lauréate des Trophées Innovation Océan® 2025, l’entreprise est accompagnée depuis ses débuts par Banque Populaire et Crédit Maritime.

L’aventure démarre en 2017, lorsque Philippe Gaboriau, alors maire de Dompierre-sur-Yon (85), imagine de valoriser les coquilles d’huîtres, matière naturelle abondante mais jusqu’à présent peu exploitée. « De par mes fonctions et un intérêt personnel, j’ai été sensibilisé à la problématique des coquillages ainsi qu’à la beauté des porcelaines du monde. Petit à petit, j’ai fait le lien entre les deux. L’idée de créer une porcelaine à partir de coquilles d’huîtres s’est progressivement imposée comme une évidence », raconte-t-il. Son idée trouve de l’écho auprès de Thierry Didelon, cofondateur de l’entreprise, avec qui il décide alors de fonder Alegina.

Après deux années de R&D, de prises de contact avec des professionnels de la céramique et de la porcelaine, ainsi que le recrutement d’un docteur en biologie marine, la jeune pousse met au point sa pâte à porcelaine à base de coquille d’huîtres.

Donner une seconde vie à une ressource marine locale

Chaque année, la France génère environ 150 000 tonnes de coquilles d’huîtres. « Les coquilles étaient perçues comme des déchets sans utilisation pérenne ni valorisante, alors qu’elles constituent une ressource naturelle formidable. Nous avons voulu démontrer que nous pouvions en faire des matériaux utiles, durables et de qualité tout en étant exemplaires dans notre manière de travailler et de produire. »

L’entreprise maîtrise l’ensemble de la chaîne de valeur, de la collecte à la valorisation. « Nous collectons nous-mêmes les coquilles auprès des ostréiculteurs, des collectivités locales et des consommateurs. Ce choix nous permet de contrôler la qualité, la traçabilité et la transformation de la matière de bout en bout. »

Une fois collectées, les coquilles sont nettoyées, broyées et transformées pour produire trois types de matériaux complémentaires à impact environnemental positif : une porcelaine biosourcée, des pavés perméables et un substrat végétalisé destiné aux toitures.

Trois innovations au service de la transition écologique

« Notre objectif est de valoriser 100 % de la matière collectée. La porcelaine, notre projet de départ, n’en utilise qu’une faible part, d’où le développement, par la suite, d’autres solutions », précise Philippe Gaboriau.

1.  Kaomer®, une porcelaine biosourcée haut de gamme

Dans son atelier vendéen, Alegina fabrique une porcelaine haut de gamme qui se distingue par sa blancheur nacrée, sa translucidité et sa dureté : des qualités rares obtenues, grâce à une formulation inédite. « C’est une révolution dans le monde de la porcelaine », affirme Philippe Gaboriau.

« Nous avons appris le métier auprès de porcelainiers de Limoges. Aujourd’hui, des chefs étoilés comme Anne-Sophie Pic ou Christopher Coutanceau utilisent notre vaisselle pour sa qualité exceptionnelle ». En parallèle, l’entreprise conçoit aussi des objets de décoration et des bijoux pour des maisons de luxe.

2.  Vivaway®, des pavés perméables en béton coquillier

Fabriqués à base de ciments à faible impact carbone, ces pavés drainants, résistants et perméables répondent aux enjeux d’adaptation climatique des villes : gestion des eaux pluviales, réduction de l’imperméabilisation des sols et lutte contre les îlots de chaleur.

« Nous avons noué un partenariat avec la Sfac (Société des fours à chaux), à côté d’Angers, pour la préfabrication. Cela nous a rapidement permis d’industrialiser le processus tout en garantissant des performances techniques certifiées », explique le fondateur.

3.  Vivaroof®, un substrat pour toitures végétalisées.

Composé de coquilles d’huîtres broyées et de matières végétales, Vivaroof® est un substrat léger, 100 % naturel, issu du recyclage, et ne nécessitant aucun arrosage. C’est actuellement la seule solution du marché à réunir ces quatre caractéristiques. Pensé pour les toitures végétalisées, il favorise le développement des racines et des mycorhizes, sans apport en eau, tout en assurant une bonne tenue dans le temps.

Cette solution, comme les pavés perméables Vivaway®, s’inscrit pleinement dans les objectifs de la loi Climat et Résilience, qui encourage l’usage de toitures végétalisées et de surfaces perméables dans les aménagements urbains. « Nos solutions Vivaway® et Vivaroof® répondent à des besoins environnementaux de plus en plus présents sur le terrain et pour lesquels la demande ne cesse de croître », souligne Philippe Gaboriau.

Un avenir industriel ambitieux, tourné vers le territoire et l’environnement

Après 7 ans d’existence et un modèle qui a fait ses preuves, Alegina prépare une nouvelle étape majeure : la création d’une usine de 10 000 m² au Poiré-sur-Vie (Vendée), sur une ancienne friche industrielle. Ce site permettra de valoriser jusqu’à 40 000 tonnes de coquilles par an, contre 2 000 tonnes actuellement, et répond à la nécessité de structurer durablement la filière de collecte.

Pensée dès le départ dans une logique d’exemplarité environnementale, le site est actuellement en dépollution, avec le soutien de l’ADEME, et l’usine intégrera un système d’autoproduction d’énergie, et un process de fabrication alimenté à 100 % par les eaux de pluie.

Des ambitions nationales… et internationales

Alegina nourrit l’ambition de devenir un acteur de référence au niveau national, puis européen, dans la valorisation des déchets coquilliers. Des réflexions sont déjà en cours pour implanter deux autres usines en France, près des zones de production conchylicole (Manche et Méditerranée).

Lauréate des Trophées Innovation Océan® 2025 et du prix national de l’économie circulaire de l’Ademe, Alegina bénéficie d’une légitimité renforcée pour franchir ce nouveau cap industriel. « Ces récompenses sont importantes pour nous, car elles sont à la fois une reconnaissance de notre modèle, un gain de visibilité et un réel encouragement pour poursuivre notre déploiement en confirmant que nous sommes sur les bons rails », conclut Philippe Gaboriau.