Le Pôle Mer Bretagne Atlantique, un acteur clé de l’économie maritime durable
Le Pôle Mer Bretagne Atlantique accompagne les acteurs de la filière maritime (entreprises, académiques, organisations professionnelles) dans leur projet d’innovation. Son objectif : développer une économie bleue durable et responsable. Phil Monbet, directeur du pôle depuis 2021, nous fait part de son expertise et analyse sur les principaux enjeux et défis qui façonnent l’avenir du secteur maritime.
Quand est né le Pôle Mer Bretagne Atlantique et pour répondre à quels enjeux ?
Le pôle a été créé en 2005, dans le cadre d’une nouvelle politique industrielle en France visant à rapprocher le monde académique et l’industrie. L’objectif est de faire collaborer les acteurs pour concevoir ensemble les produits et services de demain.
Nous sommes concentrés sur le secteur maritime, un domaine stratégique pour le développement économique. Aujourd’hui, notre mission principale est de soutenir les politiques publiques en utilisant l’innovation comme levier pour dynamiser et développer une économie maritime durable et responsable.
Nous accompagnons l’écosystème maritime sur différents domaines (entreprises, académiques, organisations professionnelles) dans leurs projets d’innovation. Le pôle compte 450 membres aujourd’hui, dont près de 70 % sont des PME :
- Défense, sûreté et sécurité maritimes
- Naval et nautisme
- Ressources énergétiques et minérales marines
- Ressources biologiques marines
- Littoral et environnement marins
- Ports, infrastructures et logistique
Quels sont les principaux challenges de la filière et comment le pôle accompagne-t-il les acteurs du territoire ?
À l’heure actuelle, le principal défi est celui de la décarbonation du secteur maritime. Il s’agit d’une transition complexe, car les différents acteurs de la chaîne de valeur sont interdépendants. Il faut avancer ensemble, notamment en ce qui concerne les e-carburants, pour lesquels les choix industriels ne sont pas encore clairs.
En revanche, nous avons bien progressé sur l’assistance vélique grâce à des entreprises innovantes telles que Oceanwings, CWS, Wisamo et des armateurs engagés comme Néoline, Grain de Sail, TOWT ou encore Zéphy&Borée. La France est très active dans ce secteur, et notamment les régions des Pays de la Loire et Bretagne qui accueillent plusieurs entreprises de ce secteur.
Un autre défi majeur est celui de la souveraineté maritime, en particulier dans le secteur de la défense. L’enjeu est de conserver le savoir-faire et d’industrialiser les innovations en France, notamment dans le domaine de la dronisation et de la surveillance en mer.
Enfin, nous accompagnons également de nombreux projets dans la lutte contre le changement climatique, l’adaptation à l’érosion côtière et la montée des eaux.
Comment accompagnez-vous les entreprises dans leurs projets d’innovation ?
Notre cœur de métier, c’est l’accompagnement de projets de R&D, du concept initial jusqu’à l’industrialisation. Nous aidons nos membres dans la structuration de leurs projets, les aidons à identifier les bons partenaires et à obtenir des financements publics et/ou privés. Notre expertise s’étend de la structuration des consortiums à la mise en relation avec des clients potentiels, tout en assurant l’adéquation du produit ou service avec le marché.
Nous labellisons les projets de R&D, ce qui constitue un gage de qualité, dans la mesure où notre label est reconnu par les pouvoirs publics et les partenaires. Depuis 2005, nous avons ainsi labellisé 580 projets, représentant 1,8 milliard d’euros, avec près de 500 millions d’euros levés en fonds publics.
Nous offrons également des conseils sur la présentation des dossiers de financement et, une fois les projets validés, assurons leur communication et visibilité. Grâce à notre réseau, nous les connectons à des banques, cabinets d’avocats et autres partenaires pour soutenir leur développement.
Enfin, nous les accompagnons à l’international, en organisant plusieurs délégations par an et facilitant leur participation à des salons comme par exemple Euromaritime ou Euronaval.
Selon vous, quels sont les défis à relever à moyen terme ?
Le principal enjeu est de réussir la transition énergétique. Il est essentiel de faire des choix industriels judicieux afin de ne pas subir des normes imposées par d’autres pays. Nous avons déjà une avance dans le domaine du vélique, mais nous devons également progresser sur les autres technologies pour maintenir notre leadership.
L’enjeu est de développer une véritable politique coopérative de changement, afin que tous les acteurs aillent dans la même direction. Pour nous, qui soutenons l’innovation, le défi est de ne pas disperser les efforts et de s’assurer que nous allons tous ensemble vers de vrais choix industriels et une économie maritime durable et responsable.
Le second enjeu concerne la nécessité de garder les compétences et de former la prochaine génération d’ingénieurs, de chercheurs, et de techniciens. Nous constatons déjà des pénuries dans certains domaines, comme la soudure dans la construction navale.
Quelle est la nature de votre collaboration avec Crédit Maritime et quelle est son importance pour le pôle ?
Le Pôle Mer et le Crédit Maritime partagent une vocation commune : soutenir l’écosystème maritime. Le Crédit Maritime accompagne les entreprises dans leur développement économique en tant que financeur ou investisseur, tandis que nous les aidons à innover. C’est une collaboration gagnant-gagnant, où l’apport bancaire est essentiel pour que les innovations atteignent le marché.
L’accompagnement financier privé joue un rôle clé dans la concrétisation des projets innovants. Il permet aux entreprises de franchir les dernières étapes avant la commercialisation de leurs produits, ce qui est indispensable pour une économie bleue dynamique et durable.
Au-delà de cette collaboration, nous sommes également partenaires des Trophées Innovation Océan, portées par Crédit Maritime. Ce dispositif met en lumière les entreprises du monde maritime qui portent des projets d’innovation dont la portée est positive pour l’environnement.
Phil Monbet, un scientifique expérimenté à la barre du Pôle Mer Bretagne Atlantique
Océanographe de formation et titulaire d’un doctorat en biogéochimie, Phil Monbet est le directeur du Pôle Mer Bretagne Atlantique depuis 2021. Il a consacré une grande partie de sa carrière à l’étude du cycle des nutriments en milieu côtier, un domaine qui l’a conduit à travailler à l’Australian Institute of Marine Science (AIMS) de Townsville et à la Monash University de Melbourne.
Après des passages en Angleterre à la PriMus University et en France à l’Ifremer et à l’Ineris, il rejoint finalement le Pôle Mer Bretagne Atlantique en 2010 en tant que responsable des affaires européennes. Il devient ensuite directeur adjoint en 2016 avant de prendre la tête du pôle en 2021.