SNSM : les nouveaux défis de l’engagement maritime

Depuis 1967, les Sauveteurs en Mer de la SNSM assurent la sécurité des baigneurs et la surveillance des plages. Au total, ce sont 9 000 bénévoles qui sont à pied d’œuvre chaque année. Didier Moreau, directeur de la formation au sein de l’association, retrace les évolutions qui ont marqué la SNSM lors des 40 dernières années et évoque les défis à venir.

Quel a été votre parcours à la SNSM ?

J’ai intégré l’association en 1984, à l’âge de 18 ans. Mes premiers pas ont été marqués par un engagement bénévole en tant que jeune nageur sauveteur. Mon parcours au sein de la SNSM s’est enrichi au fil des années : d’abord formateur, j’ai évolué pour prendre la direction d’un centre de formation à Lyon jusqu’en 1998. En 1999, une nouvelle étape s’est ouverte à moi à Pornichet, où j’ai assumé le rôle de patron de la vedette locale et de délégué départemental de Loire-Atlantique chargé de la formation des nageurs sauveteurs.

Après 25 années de bénévolat, mon engagement a pris une nouvelle dimension en 2009. C’est à cette date que la SNSM m’a offert l’opportunité de mettre à profit mon expertise en me confiant la création de la direction de la formation.

Quelles ont été les motivations à l’origine de la création de ce service ?

La genèse de la direction de la formation découle du constat par la présidence de l’association de plusieurs évolutions cruciales : une diminution des marins professionnels au sein des équipages, l’utilisation croissante de bateaux techniquement plus complexes et l’augmentation des normes et lois à respecter. Face à ces changements, la protection des bénévoles était devenue une priorité incontournable. L’objectif était d’assurer un accompagnement optimal pour qu’ils vivent pleinement leur engagement.

Cette période a marqué une transition significative, passant d’un compagnonnage caractérisé par la transmission orale des savoir-faire à l’établissement d’un parcours structuré, formel et balisé. L’ambition était de conférer une visibilité accrue aux bénévoles investis dans l’association, facilitant ainsi leur montée en compétences et en responsabilités.

Quelles transformations majeures avez-vous observées au sein de la SNSM ?

L’association a connu une évolution marquée, bien que le cœur de la SNSM, centré sur l’engagement bénévole, demeure inchangé. La solidarité des gens de mer, la volonté de servir et de secourir les marins naufragés constituent l’essence même de l’association. Une transformation significative s’est opérée dans le professionnalisme des sauveteurs. Dans les années quatre-vingt, la SNSM comptait principalement des marins pêcheurs et du commerce, tous d’excellents professionnels. Aujourd’hui, nos bénévoles sont tous formés en tant que secouristes, nous disposons d’équipements extrêmement qualitatifs, de nageurs de bord et de plongeurs. Nos deux priorités sont la sécurité de nos bénévoles et leur efficacité opérationnelle.

Ces priorités orientent la conception de nos embarcations, les travaux de recherche et développement sur l’ensemble du matériel et des équipements mis à disposition, ainsi que tout le processus de formation que nous avons structuré. Auparavant, chaque station opérait de manière indépendante, avec peu d’échanges entre les bénévoles des différentes stations. Aujourd’hui, la direction de la formation joue un rôle essentiel en captant l’expertise des bénévoles et en l’organisant de manière qu’elle bénéficie à l’ensemble de l’association. Cette approche a considérablement renforcé notre efficacité et notre sécurité.

Quels enjeux rencontrez-vous sur le recrutement et la formation des nouveaux arrivants ?

Nous distinguons deux catégories de sauveteurs au sein de notre organisation : les nageurs sauveteurs qui assurent la surveillance des plages en été en tant qu’employés municipaux, et les équipages de nos canots et vedettes. Chaque année, nous recrutons à travers la France environ 600 nouveaux jeunes que nous formons tout au long de l’année afin qu’ils soient opérationnels dès l’été suivant. Notre défi actuel réside dans la fidélisation de ces jeunes au-delà de leur période étudiante, en mettant en lumière les vastes possibilités d’apprentissage et d’évolution au sein de la SNSM.

Du côté des équipages, notre objectif primordial est de les accompagner quotidiennement, en leur fournissant les éléments de formation nécessaires pour acquérir les fondamentaux des bonnes pratiques. Nous cherchons également à initier une dynamique d’entraînement et d’exercices au sein de chaque station, pour garantir la sécurité et la performance croissante de nos équipages.

Actuellement, la SNSM compte près de 9 000 bénévoles, dont 5 000 dédiés au sauvetage en mer, 3 500 affiliés aux centres de formation formant les nageurs sauveteurs, et 500 bénévoles occasionnels. Le tout est coordonné par environ 120 salariés. Cela constitue une véritable mission opérationnelle : nos 220 canots et vedettes sont prêts à intervenir 7 jours sur 7, 24h sur 24, en moins de 20 minutes. Chaque année, nous réalisons environ 12 000 opérations de sauvetage, prenant en charge un peu plus de 32 000 personnes.

Quelle importance représente la région Grand Ouest
pour la SNSM ?

Cette zone revêt une importance capitale pour la SNSM, constituant véritablement le cœur de notre action. Nous y sommes solidement établis, notamment en Bretagne-Nord où nous disposons de stations tous les 5 km environ. Ce maillage étroit revêt une valeur inestimable, nous conférant une expertise pointue sur chaque portion du littoral et la capacité de mobiliser des ressources importantes en cas d’opérations d’envergure.

Depuis de nombreuses années, la SNSM entretient des liens avec Crédit Maritime.
Quelles retombées significatives ce soutien a-t-il apporté à l’association ?

Depuis 2011 et la création du Pôle de formation national de Saint-Nazaire, nous avons établi une collaboration étroite avec Crédit Maritime. Cette alliance revêt une importance cruciale pour nous, car elle va au-delà du simple soutien financier. Elle repose sur une véritable convergence de valeurs, mettant en avant la solidarité des gens de mer, l’engagement, et les valeurs humaines que nous partageons.

Ce soutien se matérialise par un appui conséquent au Pôle de formation national de Saint-Nazaire, notamment pour financer ses infrastructures dès sa création en 2011, ainsi que pour l’acquisition des semi-rigides Kre Mar I et
Kre Mar II. À noter que ce sont les salariés du Crédit Maritime qui ont baptisé ces deux embarcations. Au cours de la dernière décennie, une somme estimée entre 150 000 et 200 000 € a ainsi été versée par Crédit Maritime.

Entre 2018 et 2019, nous avons également bénéficié du Livret Maritime Solidaire, grâce auquel nous avons reçu une contribution de 25 000 €. Une action renouvelée sur 2024 et sur les années à venir. Parallèlement, ce soutien s’exprime également sur le plan de la communication, en associant notre présence aux côtés du Crédit Maritime, avec une proximité fréquente dans les ports où les agences de la banque sont implantées, renforçant ainsi nos interactions quotidiennes le long de nos côtes.

Vous êtes également sollicité par Crédit Maritime pour apporter votre expertise sur des projets pouvant être financés par la société d’investissement Mer Invest.
Que tirez-vous de cette expérience ?

J’ai la chance de faire partie de la Société Coopérative de Développement du Grand Ouest (SCDM GO), et c’est une expérience extrêmement enrichissante. Cela me donne l’opportunité d’interagir avec d’autres intervenants du secteur maritime que je n’aurais pas nécessairement rencontrés dans d’autres contextes. Cette collaboration avec Crédit Maritime nous permet d’appréhender le dynamisme économique et la capacité d’innovation de l’ensemble des acteurs du territoire en lien avec le monde maritime.

Quels défis futurs la SNSM devra-t-elle relever ?

La SNSM est confrontée à d’importants défis pour l’avenir, parmi lesquels nous pouvons distinguer deux enjeux majeurs : le renouvellement de notre flotte de sauvetage ainsi que la création du Centre national d’enseignement de sauvetage à Saint-Nazaire, un site novateur qui regroupera plusieurs directions du siège. La direction technique, la direction de la R&D et la direction de la formation collaboreront pour concevoir des solutions opérationnelles visant à assurer la sécurité et l’efficacité de nos sauveteurs. Implanté en terre ligérienne sur un site unique, ce centre permettra de réunir toutes les compétences au plus près de l’océan, favorisant le développement d’équipements adaptés aux besoins des sauveteurs bénévoles de demain.