Jean-François Leroy, l’évidence de l’image vaut mille mots
31 août 2024. Perpignan, Campo Santo. Jean- François Leroy déclare ouvert le festival Visa pour l’image. Le fondateur et directeur du plus grand rendez-vous mondial consacré au photojournalisme est heureux. Il savoure cette 36ème édition, orchestrée par sa société Images Evidence, établie à Paris. Lorsque l’aventure commence en septembre 1989, il n’imagine pas que, 35 ans plus tard, le festival existera encore. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la première année, 123 professionnels sont accrédités et deux pays sont représentés, la France et l’Italie. Aujourd’hui, ce sont 3 000 professionnels, 52 nations, 220 000 visiteurs et plus de 800 clichés exposés. Une formidable réussite que Jean-François Leroy porte à bout de bras, de la recherche de sponsors à l’encadrement des oeuvres, en passant par leur installation au millimètre près sur les murs des lieux d’exposition. Chaque soir, il anime les séances de projection tout au long du festival, incarnant l’engagement d’un véritable chevalier du photojournalisme !
Les honneurs ? Oui, je suis chevalier des Arts et des Lettres, chevalier de l’Ordre national du Mérite et chevalier de la Légion d’honneur. Mais je n’ai jamais sollicité de décorations. Je ne les arbore pas, et elles ne figurent pas sur ma carte de visite.
« Ici, on parle de la vraie actualité du monde », enchaîne Jean-François, à la fois journaliste et militant. C’est véritablement la réalité des clichés du monde dans tous ses états qu’il met en lumière. Le crédo des débuts de Visa reste d’actualité : conflits armés, pauvreté, crises climatiques, etc… L’édition 2024 confronte encore le public à ces thèmes, hélas récurrents. À ceux qui affirment que Visa propose toujours la même formule depuis plus de 35 ans, Jean-François rétorque : « Ils ne se posent pas la question quand ils regardent des images de la Coupe du monde de football ! Ce sont pourtant toujours des hommes en short qui courent après une balle… ». Son ton est vif, et ses saillies, parfois teintées de colère, justifient la ligne éditoriale de l’événement. « Je suis aux côtés des photographes professionnels qui informent et témoignent. C’est le choix qu’ils ont fait pour alerter les populations sur ce qui se passe dans le monde. Certes, c’est un poncif, mais une image vaut réellement mille mots. Une photo de la maternité de Marioupol prise par Evgeniy Maloletka est plus forte, plus parlante et plus marquante qu’un article décrivant les bombardements de cet endroit ». Jean-François Leroy demeure entier et inflexible dans sa défense du photojournalisme, s’identifiant pleinement à cette profession parfois mise à mal par la génération selfie. Il ne la conteste pas, mais il confère à son engagement un air de sacerdoce face à « une information qui préfère les princesses à la Tchétchénie. Je suis accro à l’info, aux nouvelles, l’actualité du monde. C’est une drogue dure. Je choisis les photos selon mes goûts. Si vous vous attendez à voir des images de petits chats sur des coussins en velours… alors Visa pour l’image n’est pas fait pour vous », argumentet- il. Sans aucun doute, cette quête de clarté et de fidélité à ses engagements permet à Visa pour l’image de continuer d’exister. Faire corps envers et contre tout avec la profession de photographe, comme en témoigne cette emblématique bague à tête de mort offerte par son ami, le regretté journaliste de guerre Stanley Greene, qu’il porte comme un talisman…