« Le succès, c’est tomber sept fois, se relever huit » : lorsque Olivier Guillou reçoit le prix prestigieux de la Première ministre au concours Lépine* 2023, cette citation ne cesse de lui venir à l’esprit ! Oh combien elle lui correspond !… et donne le ton de l’histoire entrepreneuriale de ce «serial curieux », comme il aime à se définir. Pour lui « les K.O. font aussi partie d’une existence digne d’être vécue ». Tomber pour mieux se relever, « pour mieux se connaître, se rencontrer, et pour mettre en joue ses propres contradictions », explique l’inventeur du dispositif anti-inondations FlowStop (un dispositif léger, gonflable en une minute) et dirigeant de la société du même nom. « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », écrivait le poète Paul Eluard… Olivier honore avec courage et détermination ceux de son destin.
Faire battre son cœur, c’est bien l’ADN de ce chef d’entreprise. Et le sien bat la chamade. À 16 ans, son rêve ultime est de devenir footballeur professionnel. Talentueux, il s’entraîne pendant des heures « pour trouver le geste décisif qui recèle ce moment de grâce décisif pour la victoire de l’équipe », raconte Olivier. Alors qu’il s’apprête à intégrer un centre de formation, le verdict tombe : les portes des stades lui sont définitivement fermées en raison d’une malformation cardiaque. Cette annonce provoque « une véritable déflagration. Tout s’arrête, tout s’effondre. Je ressens une profonde injustice. Pourquoi moi ? », se demande-t-il. S’ensuit une période des plus sombres… Il est à terre. Ce premier K.O. lui donne pourtant l’occasion de tester sa capacité de rebond en trouvant une nouvelle raison de faire battre son cœur à tout rompre : entreprendre !
Ne jamais rester sur le banc de touche.«Refuser de geindre, contrarier le sort et prendre l’existence à bras-le-corps » :c’est la posture qu’il choisit face à l’adversité. Absorbédepuis son enfance par l’élan entrepreneurial et submergé par un flot d’idées à la minute, Olivier n’a de cesse, dans son parcours, de surmonter ses émotions. « Je veux écrire l’histoire de ma vie au plus juste de mes envies, de mes passions et conquérir mon existence », décrypte-t-il. Et quelle conquête… jalonnée de nombreux rebondissements, tel un ballon de football frappant le sol ! Olivier bouillonne. Il crée des sociétés… ce qui ne finit pas toujours bien, mais qu’importe ! Il lui reste des souvenirs intenses, des moments hors du temps, des rencontres hors normes. On retient celleavec l’homme d’affaires Jean-Marie Messier,alors patron du groupe Vivendi ; ou bien encore, plus prosaïquement, celles de ses mandataires liquidateurs qui, à chaque fois, l’encouragent et ravivent la foi entrepreneuriale qu’il garde chevillée au corps et vissée à l’esprit.
Contre vents et marées. Olivier affronte. C’est un dur à cuire. Deuxième K.O. en 2018 : son affaire de jeu de société personnalisé, Animad, est déclarée en liquidation judiciaire. «Je divorce, je perds la garde de mes enfants…Je n’ai plus de maison, pas de travail, pas de voiture, et 20 euros en poche ! Une situation qui vous remet les idées en place », avoue-t-il… « Pour renouer avec le succès, il a fallu que je coule, que je me noie, que je sache ce que c’est que de finir dans un tribunal de commerce ». Pour lui, l’important, c’est de comprendre pourquoi on tombe, afin de mieux rebondir. Ses réflexes de gardien de but ne sont pas loin.
Olivier retrouve le sourire : « Lorsque j’invente le concept de FlowStop, je transpose ma vision du jeu d’ancien gardien de but ! Il ne faut jamais rester figé sur la ligne, mais anticiper en fonction de ce qui se passe sur le terrain, imaginer le coup d’après pour se positionner au meilleur moment et bloquer le ballon ». Bingo ! Dans le cas de FlowStop et de ses barrières anti-inondations gonflables ingénieuses, imagination, concentration et agilité ont fini par payer. À cœur vaillant, rien d’impossible !
« La résilience est une combinaison de force intérieure aidée par des rencontres clés décisives, capitales… comme celle avec Bertrand Sylvestre-Boncheval, mon associé. Avec lui, la structuration et le business model de FlowStop a pris forme. C’est à deux que nous avons réussi. Je ne crois pas à la résilience individuelle seule, mais à celle qui implique les autres (partenaire, banquier, etc.), avec lesquels se crée une véritable relation de confiance. Ensemble, nous rebondissons plus fort et plus haut, tout comme au sein d’une épreuve sportive où il faut solidarité et singularité pour gagner. »
* Concours Lépine : concours français d’inventions créé en 1901 par Louis Lépine.