Le capital investissement comme soutien aux PME
Malgré un choc économique sans précédent, les PME ont fait preuve de résilience, grâce notamment à diverses aides. Mais à terme, certaines pourraient avoir besoin de renforcer leurs fonds propres.
Selon une étude de Bpifrance(1), plus de la moitié des PME anticipent une baisse de leur chiffre d’affaires de plus de 15 % en 2020. Le plus grand défi a été d’absorber le choc du printemps qui a considérablement dégradé leur trésorerie. Mais, dans l’ensemble, elles semblent avoir mieux résisté que prévu : environ la moitié des entreprises interrogées par l’organisme public déclarent avoir des réserves suffisantes. Une résilience qui s’explique, en partie, par les dispositifs de soutien mis en place par le gouvernement, et notamment le prêt garanti par l’État (PGE) auquel 51 % d’entre elles déclarent avoir eu recours à mi-juin.
Cependant, « l’enjeu n’est pas tant pour aujourd’hui que pour la fin d’année ou 2021, une fois que les aides seront consommées, insiste Antoine Bodet, Directeur exécutif chez Alliance Entreprendre. Tout dépend de la dynamique de relance qui va se dessiner dans les mois à venir. » Les PME non cotées qui ont sollicité les PGE enregistreront un déséquilibre entre la génération de trésorerie et les montants à rembourser. Certaines d’entre elles devront alors renforcer leurs fonds propres pour continuer à jouer leur rôle majeur dans l’économie (créations d’emplois, vitalité des territoires…). Le capital-investissement apparaît alors comme une solution pour accompagner les PME. Il est ainsi possible d’investir de manière directe, en prenant des participations dans leur capital, ce qui nécessite d’être en phase avec l’équipe qui porte le projet. « Mais également de manière indirecte en souscrivant des parts de fonds d’investissement de proximité (FIP), indique Antoine Bodet. Nos apports en fonds propres permettent de financer des besoins en fonds de roulement et notamment les embauches. » Ou en souscrivant des parts de fonds commun de placement dans l’innovation (FCPI). « Investir dans un fonds présente l’avantage de confier la sélection des sociétés à des professionnels qui les accompagnent dans la mise en place d’une stratégie potentiellement créatrice de valeur sur le long terme, explique Antoine Bodet. Le capital étant réparti sur plusieurs PME, le portefeuille est ainsi diversifié et le risque mutualisé. » Entre 2005 et 2019, les fonds de capital-investissement ont enregistré une performance annuelle de 11,4 %, contre 6 % pour le CAC 40(2).
Autre atout du capital-investissement : investir en direct ou via un FCPI/FIP ouvre droit à une réduction d’impôt sur le revenu au travers du dispositif Madelin IR-PME. Celle-ci est majorée à 25 % (18 % précédemment) pour toutes souscriptions réalisées entre le 10 août 2020 et le 31 décembre 2020(3). À noter que ce taux tombe de 38 % à 30 % pour les FIP Corse et Outre-mer. « Les taux de 25 % et 30 % s’appliquent à la proportion (entre 70 et 100 %) du fonds investie en PME éligibles », précise Antoine Bodet. À l’inverse, les plafonds d’investissement n’évoluent pas : en direct, 50 000 euros pour une personne seule (100 000 euros pour les contribuables soumis à imposition commune) ; 12 000 euros et 24 000 euros pour les FCPI/FIP. La réduction s’applique à l’impôt sur le revenu (IR) dû au titre de l’année de souscription, et est à prendre en compte dans le plafonnement global des niches fiscales à l’IR de 10 000 euros en 2020. Dans le cas d’un placement en direct, l’éventuel surplus pourra être reporté sur l’imposition des revenus des quatre années suivantes. À la sortie, il n’y a pas d’impôt sur les plus-values, mais les prélèvements sociaux sont dus. En contrepartie, l’investissement doit être conservé pendant au moins cinq ans ; le capital n’est pas garanti, le risque d’illiquidité et de perte en capital existe. Il convient dès lors, dans le cas d’un FCPI/FIP, de s’assurer de la qualité et de la solidité financière de la société de gestion et de son track record.
(1) 71e enquête de conjoncture PME – Juillet 2020 – Bpifrance Le Lab
(2) Performance nette des acteurs français du capital-investissement – À fin 2019 – France Invest – EY
(3) Décret n° 2020-1014 du 7 août 2020