La finance durable en trois questions

L’investissement responsable connaît un véritable engouement. Mais cet essor s’accompagne d’une multiplication de définitions et de concepts qui peuvent générer de la confusion pour l’investisseur particulier. Voici un éclairage avec Reda Sabri, analyste financier sur les marchés actions chez Kepler Cheuvreux, et Mélanie Huynh, Content Management Lab Digital, chez EuroTitres.

Quelle est la différence entre ESG, ISR et RSE ?

Même s’ils ont trait à la finance durable, ces trois sigles sont souvent confondus à tort, car ils désignent des choses différentes :

  • L’ESG est une approche permettant d’évaluer une société sur la base d’éléments extra-financiers qui ont trait à l’environnement (les émissions de carbone, la consommation d’eau…), au social (la sécurité des employés, la formation …) et à la gouvernance (indépendance du conseil d’administration, comité des rémunérations…) ;
  • L’Investissement Socialement Responsable (ISR) est une stratégie visant à investir dans des valeurs sélectionnées sur la base de critères ESG, à travers un fonds ou en direct. Elle a pour objectif de concilier la performance financière et le développement durable ;
  • La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. Une tendance vouée à progresser au vu des avancées dans la réglementation française et européenne.

Quelles sont les différentes approches de linvestissement durable ?

Il existe plusieurs méthodologies communément utilisées par les fonds et les analystes financiers pour sélectionner les entreprises dans le cadre d’un investissement durable :

  • L’exclusion sectorielle (ou « negative screening » en anglais) : cette méthode est la plus simple. Elle consiste à identifier, puis exclure certains secteurs considérés comme néfastes pour la société, comme le tabac, le pétrole, le nucléaire ou l’armement ;
  • L’approche thématique : à l’inverse, cette approche consiste à se focaliser sur des industries dites « vertes », comme par exemple les énergies renouvelables, l’eau ou la santé ;
  • Le « best in class » : cette méthode, l’une des plus utilisées en France, vise à sélectionner les entreprises les plus prometteuses au sein de leur secteur, sans exclure ou privilégier un secteur en particulier.

Peut-on concilier investissement durable et performance boursière ?

En sélectionnant les entreprises les plus vertueuses en termes d’ESG, l’investissement durable tend à minimiser certains risques (risque d’image, risque d’amende en cas de pollution…) mais également à optimiser la performance. Ainsi par exemple, une entreprise qui prend des mesures pour développer les compétences de ses salariés ou pour garantir la diversité et la parité homme-femme se donne plus de chances de garder les hauts potentiels. Il est aujourd’hui de plus en plus aisé de comparer une approche durable d’un investissement traditionnel, car de nombreux indices boursiers de type ESG sont créés en Europe.

En France, Euronext a lancé l’indice CAC 40 ESG début 2021. Celui-ci comprend 40 des 60 valeurs constituant le CAC Large 60. Contrairement au CAC 40 que nous connaissons tous, les entreprises sont sélectionnées en fonction de leur note ESG et non en fonction de leur capitalisation boursière. Mais il faut toujours garder à l’esprit que le potentiel de l’investissement durable s’exprime mieux sur un horizon de placement de long terme.

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