Le marché obligataire offre toujours des opportunités d’investissement
En attendant une détente des politiques monétaires des banques centrales, les investisseurs continuent de miser sur les obligations.
S’il semble acté que l’année 2024 marquera le début d’un assouplissement des politiques monétaires des grandes banques centrales (hors Japon), l’incertitude demeure sur le calendrier et profite à l’obligataire.
Fed et BCE : des trajectoires différentes
Le scénario d’une première baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) en juin n’est plus d’actualité, principalement en raison d’une inflation toujours supérieure à l’objectif de 2 %. Désormais, les marchés tablent sur un premier mouvement baissier de la Fed en septembre 2024, « plus en ligne avec la réalité économique américaine, qui affiche une vigueur persistante, constate Nolwenn Le Roux, gérante de portefeuilles chez DNCA Investments. L’enjeu pour la Fed et son président Jerome Powell est d’agir au bon moment. Si elle attend trop, les conditions financières vont rester restrictives, au risque d’impacter les entreprises les plus endettées et donc la croissance ». Mais la proximité de l’élection présidentielle pourrait ajouter de la volatilité et inciter Jérôme Powell à attendre novembre pour engager la baisse des taux.
En zone euro, « le processus de désinflation, combiné à une croissance économique plus faible, milite davantage pour une première baisse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) lors de son comité de politique monétaire en juin », estime Nolwenn Le Roux. Christine Lagarde, sa présidente, avertit toutefois que la route vers une inflation durablement stabilisée à 2 % sera cahoteuse. Elle dit suivre de très près l’inflation des services encore élevée (4 % en mars) à cause de la croissance des revenus nominaux et du comportement des consommateurs, qui continuent d’épargner massivement, signe d’un manque de confiance.
Des facteurs techniques en soutien
Dans ce contexte, les taux vont rester élevés plus longtemps. « Les investisseurs cherchent à capter un rendement encore attractif avec un risque modéré comparé aux actions, indique Nolwenn Le Roux. À moyen et long terme, le mouvement attendu sur les taux d’intérêt est, en effet, plutôt à la baisse ». Ainsi, les obligations d’État à 10 ans avoisinent 4,65 % aux États-Unis, 2,55 % en Allemagne et 3 % en France. L’appétit pour le marché du crédit ne se dément pas non plus. Les fonds investis en obligations d’entreprise investment grade(1) et high yield(2) (à haut rendement) libellées en euro ont respectivement enregistré 13,4 milliards d’euros et 5 milliards d’euros de souscriptions au premier trimestre. Il y a de la demande, notamment de la part d’investisseurs de long terme. « Les fondamentaux de ces émetteurs sont plutôt bons au regard du contexte macroéconomique, observe la gérante. Leurs bilans sont sains, leurs niveaux de trésorerie satisfaisants, leurs marges se maintiennent et le taux de défaut du high yield en Europe s’établit à 3,6 %, en ligne avec sa moyenne de long terme(3) ». Sur le plan sectoriel, ses préférences se portent notamment sur les banques, qui affichent de bons résultats depuis plusieurs trimestres et délivrent une prime par rapport au risque, ainsi que sur les assurances qui enregistrent aussi de bons résultats, bénéficient de taux d’intérêt élevés et offrent des valorisations attractives.
Quant à l’offre de crédit, elle est aussi très dynamique avec 233 milliards d’euros d’obligations investment grade émises depuis le début de l’année, « principalement pour se refinancer, preuve que les entreprises font attention à leur endettement », souligne Nolwenn Le Roux. Ces facteurs techniques soutiennent les rendements de l’investment grade euro (3,8 %)(4) et du high yield euro (5,6 %)(4).
Privilégier les fonds
La classe d’actifs présente donc encore de l’attrait. Nolwenn Le Roux recommande « d’exposer une partie de son portefeuille au travers d’OPCVM, car l’obligataire a un comportement asymétrique. Il convient alors de diversifier son allocation pour capter la performance du marché et limiter le risque, notamment en cas de défaut d’un émetteur. C’est pourquoi nos fonds en comprennent entre 60 et 100 ». Au-delà des opportunités de performance, « il est aussi possible d’y investir de manière responsable, puisque lorsque nous investissons sur un émetteur, nous combinons analyse financière et extra-financière », indique Nolwenn Le Roux.
(1) Obligations de qualité les mieux notées par les agences de notation. Les émetteurs présentent une faible probabilité de défaut de remboursement.
(2) Obligations d’entreprise émises par des sociétés ayant reçu une note de crédit faible de la part des agences de notation. Leur risque de défaut étant plus élevé, elles offrent en contrepartie un rendement supérieur à celui des obligations investment grade.
(3) Source : Moody’s au 31/03/2024
(4) Sources : ICE BofA MLY Euro Corporate Index et ICE BofA MLY BB-B Euro High Yield Index au 29/4/2024
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