Protéger la famille d’un décès précoce est un impératif

Marc Thomas-Marotel, responsable de l’ingénierie patrimoniale chez BPCE Vie, décrypte les solutions assurantielles à mettre en place pour maintenir le niveau de vie de la famille en cas de décès.

En France, 500 000 personnes ayant perdu leur conjoint (marié ou non) avant 55 ans vivent une situation de veuvage précoce. Pour limiter les effets matériels de cette situation qui fragilise tout l’équilibre financier de la cellule familiale, il est essentiel de mettre en place des solutions assurantielles de nature conventionnelle. 

Comment peut-on protéger le conjoint et la famille des conséquences économiques dun décès précoce ? 

Marc Thomas-Marotel : Le principal enjeu est de préserver le cadre de vie de la famille si l’un des époux, partenaire de pacs ou concubin, venait à décéder. Comment, dans ce contexte, continuer de payer le crédit ou le loyer du logement, les frais de santé, de scolarité et les études supérieures des enfants ? Les mêmes problématiques peuvent d’ailleurs se poser dans le cas où un accident ou une maladie réduirait considérablement ou à néant les revenus d’activité. 

Quelle assurance mettre en place ?

Marc Thomas-Marotel : L’objectif de protection de la famille impose prioritairement de souscrire des contrats de « prévoyance », a minima une assurance en cas de décès. Souscrite à titre individuel, elle consiste à garantir le versement d’un capital ou d’une rente viagère aux bénéficiaires désignés dans le contrat lorsque survient le décès du souscripteur. Le montant du capital garanti (ou de la rente) est fixé à la souscription : 50 000 €, 100 000 €, 200 000 €, 1 million d’euros, etc. Il va dépendre de l’estimation des besoins à couvrir, du montant des cotisations que le souscripteur souhaite verser chaque mois, ainsi que de l’âge et de l’état de santé du souscripteur. 

À quel type de famille sadresse lassurance décès ?

Marc Thomas-Marotel : L’assurance temporaire décès s’adresse à toutes les familles. Elle est évidemment incontournable pour les familles monoparentales, de même que pour les couples qui connaissent un déséquilibre de revenus. La personne qui pourvoit seule aux revenus ou qui dispose des revenus les plus élevés doit être l’assuré. Cette assurance est aussi fortement recommandée quand l’un des deux exerce une activité professionnelle indépendante ou est chef d’entreprise. À ce titre, la rémunération est en général moins sécurisée et l’actif ne bénéficie pas toujours de dispositifs de prévoyance collective. Précisons que l’assurance temporaire décès est accessible à tous les couples – époux, partenaire de pacs ou simples concubins.

Lassurance décès est-elle pertinente quel que soit le niveau de patrimoine ?

Marc Thomas-Marotel : La prévoyance est toujours pertinente. Il est certain qu’elle s’adresse aux foyers qui ont peu d’épargne davantage qu’aux ménages fortunés. Elle va leur permettre de faire face, sans délai, aux dépenses liées au décès, aux charges courantes, au loyer ou aux mensualités d’emprunt, à l’éducation des enfants, etc… Toutefois, le contrat temporaire décès peut également avoir du sens auprès de personnes fortunées, car le patrimoine, notamment immobilier, n’est pas toujours liquide. Payer des droits de succession élevés ou des mensualités d’emprunt n’est pas toujours compatible avec les délais de vente d’un bien immobilier, surtout dans un contexte économique défavorable. Dans ces situations, la temporaire décès assure des liquidités qui faciliteront le règlement de la succession. 

Que se passe-t-il si le risque décès ne se réalise pas ? 

Marc Thomas-Marotel : Le souscripteur verse des primes pendant toute la vie du contrat pour le cas où le risque se réaliserait. Comme pour l’assurance d’un bien, si le risque ne se réalise pas, les primes ne sont pas récupérées. C’est la raison pour laquelle on parle souvent de « contrats à fonds perdus ». Cette expression n’est pas très heureuse dans la mesure où les primes ne sont pas payées en vain : elles garantissent la protection de la famille ! Il s’agit de l’essence même de l’assurance, qui est un mécanisme de protection avant d’être le contrat d’épargne que nous connaissons tous. Dans ce cadre, l’assurance-vie « épargne » peut être envisagée pour consolider la protection de la famille. Pendant la vie du contrat, les fonds sont disponibles, et au décès du souscripteur, les capitaux sont transmis aux bénéficiaires désignés dans des conditions fiscales avantageuses. Cette protection suppose toutefois un effort d’épargne plus important que la temporaire décès, puisque le capital versé est constitué par les primes et les revenus qu’elles génèrent. 

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