Le crédit, véritable outil de gestion patrimoniale

Le crédit est une solution à court, moyen ou long terme pour préserver son organisation patrimoniale. Adossé à une assurance emprunteur, il permet de protéger ses proches.

Contrairement à une idée répandue, l’usage du crédit ne se limite pas à pallier un manque de moyens financiers. « C’est un outil qui permet aux investisseurs d’accéder à des liquidités tout en optimisant la gestion de leurs actifs, rappelle Cédric Riboulet, ingénieur patrimonial chez Banque Populaire du Sud. Le crédit est donc une composante à considérer dans une stratégie patrimoniale ».

Emprunter plutôt que vendre ses actifs

Saisir une opportunité d’acheter un bien immobilier, profiter d’une fenêtre de souscription sur un produit financier, diversifier ses placements, réorganiser et transmettre son patrimoine, régler des droits de succession… : autant d’opérations qui ne peuvent souvent être réalisées que si l’on détient des liquidités. Pour récupérer du cash, on peut alors céder des biens immobiliers, effectuer des rachats totaux ou partiels sur son contrat d’assurance vie ou de capitalisation, liquider son compte-titres ou PEA… Des solutions qui, dans un environnement économique défavorable ou en période de baisse des marchés financiers, peuvent être préjudiciables. « Même s’ils disposent d’une assise financière suffisante, nous proposons à nos clients de souscrire un crédit pour financer leurs projets », indique Mathieu Marques, conseiller en gestion de patrimoine à la Banque Dupuy, de Parseval, une des trois maisons de la Banque Populaire du Sud. « Cela évite de désinvestir et de remettre en question la structure et l’organisation de leur patrimoine construit sur de longues années, ajoute Cédric Riboulet. L’emprunteur reste propriétaire de son patrimoine pendant toute la durée du prêt et continue d’en percevoir les dividendes ou intérêts ». La gestion financière de leur épargne est ainsi optimisée et ils conservent sous conditions les avantages fiscaux liés à l’assurance vie, notamment en matière de succession, et au PEA.

Un effet de levier financier et fiscal

Après avoir atteint un pic fin 2023, les taux d’intérêt se sont détendus depuis le début de l’année. Cette baisse devrait se poursuivre à la suite des assouplissements monétaires entamés par les banques centrales. Il est probable que les taux d’emprunt immobilier suivent le même chemin. Dans l’optique d’acquérir une résidence principale ou secondaire, « il peut alors être opportun de mettre en place un crédit, d’autant que l’emprunteur bénéficie d’un effet de levier puisqu’en s’endettant il augmente sa capacité de financement, explique Cédric Riboulet. Cela est également pertinent dans le cas d’un investissement immobilier locatif, notamment s’il existe un différentiel positif entre le coût du crédit et le taux de rendement potentiel servi par le support financier. ». Que se passerait-il en cas de retour de l’inflation ? « Les taux remonteraient probablement, estime Mathieu Marques, qui précise que « la quasi-totalité des crédits souscrits étant à taux fixe, cela ne pénaliserait pas les clients qui auraient un emprunt en cours ».

Atout supplémentaire de cette stratégie d’emprunt : l’effet de levier financier se double d’un effet de levier fiscal. « Le financement d’un investissement immobilier locatif à crédit permet de déduire les intérêts d’emprunt des revenus fonciers générés, lorsqu’ils sont déclarés au régime réel, réduisant ainsi l’assiette fiscale », souligne Cédric Riboulet. Un avantage d’autant plus appréciable que l’économie d’impôt qui en résulte s’accroît en proportion de la tranche marginale d’imposition du contribuable.

Souscrire un prêt personnel

Pour l’achat d’une voiture ou la réalisation de travaux de rénovation énergétique dans sa maison, il est aussi possible de souscrire un prêt personnel : « Réservé à une clientèle patrimoniale, il est non-affecté et déblocable à la demande en une fois sous huit jours », précise Mathieu Marques. Facile à mettre en place, il ne demande pas d’étude préalable du portefeuille de l’emprunteur. D’un montant maximum de 150 000 €, « il constitue une opportunité pour financer tout type de projet, car remboursable sur dix ans avec un différé possible allant de six mois à deux ans, ajoute Mathieu Marques. Il est surtout sollicité lorsque le client a déjà bien défini son projet ».

Ne pas faire l’impasse sur l’assurance emprunteur

Qu’il s’agisse d’un crédit à la consommation ou d’un prêt immobilier, que devient l’emprunt en cas de difficultés de remboursement ou de décès du souscripteur ? « Tout dépend s’il est assorti d’une assurance emprunteur ou pas et de ses garanties », répond Mathieu Marques. Si, d’après la loi, ce n’est pas obligatoire, il est fortement recommandé d’adosser une assurance emprunteur à son crédit pour couvrir d’éventuels défauts de règlement des échéances de remboursement liés à un décès ou à d’autres aléas de la vie (chômage, invalidité). Dans le cas d’un sinistre couvert par le contrat, l’assurance prend le relais et rembourse le crédit. « Cela protège les proches en évitant de reporter la charge de la dette sur eux, poursuit Mathieu Marques. En cas de décès, la compagnie d’assurance rembourse le crédit, qui n’est pas pris en compte dans le calcul de la succession ».

Enfin, recourir à un crédit pour régler les droits de succession permet d’éviter la fiscalité en cas de rachat sur une assurance vie. Il s’avère également très utile lorsque les héritiers éprouvent des difficultés à régler comptant ces droits au fisc dans les six mois qui suivent le décès de leur proche. « Ils peuvent alors solliciter un crédit de paiement, qui permet de les fractionner ou d’en différer le règlement, explique Cédric Riboulet. Des démarches simplifiées depuis le 1er janvier 2024(1) ».

Quel que soit le type de prêt souscrit, « un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités d’endettement avant de vous engager »(2). « Le crédit est une solution qui répond à des besoins temporaires ou de moyen-long terme, déclarent les deux experts. C’est une alternative aux liquidités dans une stratégie patrimoniale ».

(1) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048727774
(2) Article L. 312-5 du Code de la Consommation

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