Quelles opportunités de placements pour 2023 ?

Après les tumultes de 2022, l’année qui s’est ouverte devrait se caractériser par la dissipation de certaines incertitudes et un cadre monétaire moins rigide. Les équipes de Natixis Investment Managers vous révèlent leurs perspectives économiques et leurs choix d’allocation.

Le calme après la tempête… C’est ce qui semble se dessiner après une année de rupture marquée par un fort regain d’inflation, un resserrement monétaire d’une ampleur inédite et une décélération de la croissance. Si les banques centrales vont continuer de remonter leur taux, leur action s’annonce plus mesurée alors que la surchauffe inflationniste semble enfin se calmer. « Optimistes, les marchés tablent sur l’émergence dun nouvel équilibre dont ils ont défini les grands contours, commente Mabrouk Chetouane, responsable de la stratégie globale de marché chez Natixis Investment Managers Solutions. Ils anticipent un taux directeur stabilisé autour de 5 % pour la Fed et de 3,5 % pour la BCE ». Certaines incertitudes devraient donc se dissiper et la conjoncture retrouver une ligne d’horizon. En Europe, le recours des États à l’arme budgétaire pour amortir le choc de la crise énergétique laisse espérer un atterrissage en douceur, loin de la profonde récession un temps envisagée. De son côté, l’économie américaine devrait bénéficier du ressort de la consommation et des 700 milliards de dollars de réserves d’épargne des particuliers.

Des banques centrales toujours à la manœuvre

Cependant, malgré ce regain de visibilité, certains risques subsistent. Estimant que, sur le front monétaire, le plus dur est passé et que les taux pivots ne sont plus très loin, les marchés font preuve d’optimisme. « Ils ignorent, cependant, la possibilité que la Fed comme la BCE dépassent les caps attendus et qu’elles maintiennent des taux élevés pendant plusieurs mois », souligne Nuno Teixeira, directeur de la gestion Cross-Asset chez Natixis Investment Managers Solutions. En effet, tout laisse à penser que les instances monétaires ne relâcheront pas leur étreinte de si tôt. Plusieurs raisons à cela. D’une part, parce que l’inflation demeure malgré tout élevée en Europe. D’autre part, parce que le marché du travail reste tendu aux États-Unis avec 10 millions d’emplois à pourvoir en dépit d’un taux de chômage au plus bas depuis cinquante ans. L’évolution des salaires s’annonce ainsi déterminante. « Si jamais les rémunérations venaient à semballer sous la pression des salariés, une boucle « prix-salaire » pourrait émerger, auto-alimentant linflation, et motivant une réponse plus musclée des banques centrales », relève Mabrouk Chetouane. La phase de transition attendue pourrait ainsi s’avérer plus longue que prévue.

Privilégier les cycliques décotées…

Pour autant, avec l’anticipation d’une forte décrue de l’inflation dans les prochains mois, l’environnement de marché se veut plus favorable. Du moins, il recèle davantage d’opportunités après une année où actions et obligations ont été conjointement pénalisées. Précisément, les valorisations ressortent de cet épisode plus attractives qu’il y a un an. Côté actions, les perspectives ne sont certes pas réjouissantes en Europe et aux États-Unis. D’autant que si les entreprises ont pu jusqu’ici absorber le choc d’inflation en passant des hausses de prix, leurs résultats devraient témoigner d’une inéluctable compression des marges. « D’ici cet ajustement, les actions japonaises ou celles des pays émergents asiatiques qui pourront bénéficier du rebond de croissance chinoise, sont à privilégier », précise Nuno Teixeira. Plus globalement, le redémarrage économique de la Chine sera décisif. « C’est de sa réouverture que pourrait venir l’étincelle qui redonnera des perspectives aux investisseurs, commente Jean-Jacques Friedman, directeur des Investissements chez VEGA Investment Managers. Une fois l’épidémie endiguée, les chaînes dapprovisionnement devraient regagner de lefficacité, ce qui soutiendrait la croissance mondiale ». En perspective d’une reprise économique – même modeste – cette année, il convient donc de privilégier des valeurs cycliques très décotées au détriment des défensives, « comme les secteurs de lautomobile et de la chimie ou de sexposer aux actifs de croissance », détaille Jean-Jacques Friedman.

… et le crédit de qualité

Sur le volet obligataire, l’attrait des valorisations est sensiblement le même. Suivant l’implacable corrélation existant entre le rendement et le prix, la remontée des taux d’intérêt s’est traduite par une baisse du cours des obligations. À ces fortes turbulences devrait suivre un retour au calme dicté par une remontée des taux moins vigoureuse que l’an dernier. « Une fois le point pivot acquis aux États-Unis et en Europe, les investisseurs pourront bénéficier de marchés beaucoup moins agités, avec des actifs mieux rémunérés grâce aux taux élevés et bien moins risqués que les années précédentes », anticipe Stéphane Déo, directeur stratégie marchés chez Ostrum Asset Management. De bons présages pour le compartiment qui réclament toutefois certains points de vigilance. À commencer par une bonne maîtrise du calendrier des banques centrales et une attention particulière portée à l’annonce d’une pause dans le resserrement. En outre, il conviendra pour les investisseurs de favoriser les obligations de qualité aux dépens du haut rendement, eu égard à la légère récession attendue cette année risquant de faire progresser le taux de défaut.

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